L’abord de la sexualité par les soignants
Les conséquences au niveau sexuel des maladies en psychiatrie ainsi que leurs traitements mettent en évidence l’intérêt et l’importance des médecins généralistes, psychiatres, gynécologues et sages-femmes, en tant que prescripteurs, dans la prise en charge les troubles sexuels.
Ils parlent de sexualité à leurs patients lorsque les troubles sexuels peuvent avoir une valeur sémiologique significative comme dans le cas du diabète, des pathologies cardiorespiratoires, des troubles thyroïdiens et de la dépression.
Ils abordent le sujet lors de pathologies chroniques se répercutant sur la sexualité, lors d’introduction ou de suivi des effets secondaires de certains traitements ou dans un cadre informatif (contraception, IVG, dépistage ou risque de transmission d’infections sexuellement transmissibles, prévention du VIH, signalement d’abus sexuels).
Les troubles de la fonction sexuelle sont en règle générale sous-estimés par les médecins.
Les obstacles
- Un manque d’enseignement lors des formations universitaires et de ressources suffisantes pour s’attaquer aux problèmes. Cela conduit à une difficulté à donner des informations et des conseils adéquats sur la sexualité et ses troubles
- Le sentiment d’illégitimité et d’incompétence
- Des fausses croyances, des représentations erronées
- Une difficulté à se détacher de leurs propres tabous, de leurs représentations et de leurs normes sexuelles pouvant causer un embarras à initier le dialogue sur l’intimité
- Le fait de se sentir mal à l’aise dans le rôle de conseiller, de thérapeute en sexualité
- Une peur d’ouvrir « la boîte de Pandore »
- Le manque de temps, la sexualité peut être un sujet chronophage
- La crainte de gêner, d’offenser, de provoquer un malaise chez le patient en étant trop intrusif
Les symptômes sexuels sont sous-déclarés par les patients et sous-investigués par les médecins
La masturbation est rarement abordée lors des entretiens.
Les freins à la prise en charge sexuelle des patients en psychiatrie sont liés à leur capacité de compréhension et au fait que les plaintes sont rarement spontanées.
Les psychiatres ont la crainte de faire apparaitre des angoisses, d’alimenter un délire et de risquer des réticences à la prise du traitement.
Les postures professionnelles
1.L’évitement
Le praticien décide d’une exclusion sélective du thème de la sexualité.
Il argumente cela par le manque de temps ou par une non-demande des patients. L’expression des patients sur le sujet n’est pas facilité.
L’absence de formation est considérée comme une cause principale. L’ignorance, l’absence d’intérêt, la gêne personnelle sont d’autres difficultés.
2.Intérêt sémiologique
Le praticien traite les problèmes comme de simples diagnostics médicaux, en utilisant un langage médicalisé, une approche par la nosographie et les traitements médicaux.
Il est plus simple d’aborder la sexualité lors de pathologies chroniques pourvoyeuses de troubles sexuels tels le diabète, la dépression, les maladies cardiovasculaires ou lors de pathologies ayant des organes géographiquement proches des organes génitaux tels que des pathologies de la prostate, des troubles gynécologiques.
3.Abord de la sexualité
Le praticien peut aborder le patient en prenant en compte la dimension psychologique et relationnelle.
Il utilise alors une approche globale, holistique.
4.Spécialisation
Le praticien peut se spécialiser, la sexologie sera au centre de sa pratique.
Il abordera facilement le sujet, il prendra l’initiative d’en parler. Il créera des consultations dédiées.