Je suis Pascale la Sexo, mon projet est de donner la parole à mes collègues Sexo pour échanger sur nos métiers.

Un homme engagé qui parle aux jeunes et aux moins jeunes.

Didier Valentin travaille pour le CRIPS (le Centre régional d’information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes) Ile de France. Il a un pseudo sur les réseaux et lorsqu’il écrit dans Causette, il est Dr Kpote.

Quel est votre parcours professionnel ?

Il a un grand parcours de terrain et d’expériences.
Il nous explique que les profils des professionnels ne sont plus les mêmes actuellement en comparaison avec les années SIDA.
Il considère son métier comme un métier militant, un engagement dans la sphère sociale.

Son engagement a évolué au fur et à mesure de son parcours, d’abord prévention SIDA et contraception dans les établissements scolaires. Aujourd’hui beaucoup d’autres thématiques sont abordées : questions du genre, relation à l’autre, le consentement… de manière plus globale. Ce qui a relancé l’intérêt pour ce travail.

Qu’est ce qui vous a motivé dans ce choix professionnel ?

Il s’est engagé dans des associations de lutte contre le SIDA, il est passé de bénévole à salarié au fur et à mesure de ses expériences.

De quelle manière exercez vous ?

Il a deux emplois :
– Salarié pour le CRIPS, il intervient lors de séances de prévention dans les établissements scolaires
– A son compte, Dr Kpote, il est animateur de prévention

Selon vous, quelles sont les compétences nécessaires pour exercer cette profession ?

– Le fait d’avoir beaucoup d’expérience
– Son statut d’homme cisgenre pour faire circuler une parole en tant qu’allié du féminisme
– Il peut travailler sur l’expression de la masculinité
– Une grande adaptabilité, sociabilité
– Avoir fait un travail sur les représentations de la religion
– Interroger nos codes, avoir une curiosité sur différentes thématiques
– Ouverture et bienveillance

Par rapport aux connaissances liées à la sexologie et l’intimité, comment faire la part des choses avec toutes les informations présentes dans les formations et sur le net ?

Didier Valentin utilise beaucoup l’actualité lors de ses interventions. Il part le plus possible des questionnements qu’il y trouve.
Si besoin, il réoriente les jeunes vers l’infirmière scolaire, le planning familial ou en aparté en fin de séance.
Pour lui, l’objectif est de permettre de les aider à développer un esprit critique et leur apprendre à faire la part des choses entres toutes les informations présentes sur les réseaux (Tik Tok, Snapchat, Instagram…).
Le débat contradictoire a beaucoup d’intérêt et permet d’être dans la réalité de la relation avec la notion de l’impact des mots. La prévention par les pairs permet de grandir et d’évoluer ensemble.

Quels sont les avantages et les inconvénients de votre profession ?

Les avantages :
– C’est un travail passion
– Il ne s’ennuie jamais, c’est une matière vivante
– La dynamique de groupe est riche
– Cela s’inscrit dans “quelque chose” de politique

Les inconvénients :
– Les dérives avec une perte du lien
– Le manque d’investissement financier dans ce domaine
– La possibilité de se mettre en danger lors de sa pratique, les réseaux peuvent sortir les transmissions de leur contexte
– La sexualité est une matière vivante mais aussi peut-être une matière inflammable

Pouvez me raconter une journée ou une semaine type ?

Entre octobre et juin, il doit faire entre 20 et 25 interventions dans les établissements avec le CRIPS, il travaille aussi parfois avec Médecins sans frontières et la protection judiciaire de la jeunesse.

Grâce à sa visibilité par rapport à ses contenus dans Causette notamment, il intervient également dans d’autres structures comme par exemple en prison.
Et depuis quelques temps, il commence à faire de la formation pour adultes, afin de partager son vécu et transmettre son savoir et ses outils.

Quels conseils donneriez vous à un ou un-e étudiant-e qui souhaiterait s’orienter dans ce domaine ?

Pour Didier Valentin il est important :
– D’interroger ses propres représentations
– Faire une formation pour avoir des bases solides, sur le savoir et le savoir être
– Développer ses connaissances de positionnements
– Prendre le temps de s’installer dans le temps, comment se protéger un peu pour se ressourcer
– Travailler son vécu traumatique pour éviter d’être bousculé lors de sa pratique

Un mot, une phrase ou un concept qui résumerait ta vision de la sexualité ou de la vie intime ?

La vie intime et sexuelle doit être positive, sans discrimination, libre, sans contrainte, éclairée et enrichissante.
Qu’elle soit une zone de partage !
Les sexualités sont une ouverture à tous les possibles.

Pour le contacter ou le découvrir :

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